"Calligrammes"

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     Seule particularité : l’élégance.

     À priori, rien ne me prédisposait à reconnaître le collage comme une forme d'expression digne d'être soutenu et représenté par la galerie La Ralentie. Beaucoup d'artistes dont j'avais vu les travaux et qui le pratiquaient me semblaient mettre cette technique au service d'une fantasmagorie personnelle où, pour le dire autrement, semblait régner la loi du n'importe quoi, salmigondis d'images associées, tenant ensemble à coup d'effets spéciaux - textes et images s'entrechoquant au service d'un message délivré au monde par l'artiste largement autocentré sur son imaginaire personnel.

     Et puis, à l'occasion du concours organisé chaque année par la galerie, je découvris le travail de Christine Anziani. La finesse d'exécution de l'artiste est telle que la technique s'efface au profit d'une forme intégralement née et recrée grâce a elle, prétexte au développement fascinant d'un univers hautement singulier où se déploie, touche par touche, une galerie de créatures tous issus d'un rêve hanté par la poésie la plus mystérieuse et la plus libre qui soit.

     Est-ce la profondeur baroque qui flirte parfois avec la divine cocasserie qui retient le regard ? Est-ce l'élégante maladresse de ces corps étranges, comme épinglés dans l'espace, au destin improbables, attachants vestiges surréalistes ? On ne sait. Mais on ne cesse d'y revenir, attirés par le mystère que dégage ces oeuvres à la fois fragiles et hautement sophistiquées.

Isabelle Floc'h