«Décompositions» Bernard Morel

Bernard Morel est né à Lyon en 1957. Entre 1975 et 1992 il entreprend des études
de droit et travaille sur des chantiers, il fait des expertises de matériel industriel
etd'objets d'art chez un commissaire-priseur et il réalise ces premières sculptures.
Durant la même période il installe son atelier et une fonderie à Montreuil. Depuis
1993, il se consacre exclusivement à la sculpture. En 2011 il s'installe et travaille à
Bagnolet en Seine St Denis.

On nous a dit des « bas-reliefs ». Des sculptures, donc celles-ci, exposées en plan, sont
adossées au mur comme le sont des peintures. Sculpture, peinture : tableaux, en tout
cas. Des plans multiples qui, rapportés les uns aux autres, composent des paysages.

Pour les voir, décomposer le regard : les approcher de face, puis se déplacer, faire un
pas de côté, afin d'en saisir le volume, la profondeur, l 'épaisseur, les espaces cachés
entre les plans, les interstices de respiration. C'est très exactement ce pas de coté qui
nous intéresse ici, puisque c'est dans ce déplacement qu'opère le sculpteur, c'est dans
cet espace-la, dans cet entre-deux si fécond et si fragile qu'il travaille, et c'est dans
ce déplacement du regard que se joue l'accès à la sculpture. Tout est ici question de
mouvement – tension, forces, résistances, vitesse. C'est pourquoi regarder cette
exposition requiert que l'on s'active, que l'on bouge, que l'on s 'expose soi – à ce que
nous regardons, à ce qui nous regarde. […]

Ces bas-reliefs sont de tailles et de formes diverses mais toutes font communauté de
matériaux – bois, fer et zinc – et de techniques d'élaboration – assemblage des
morceaux de métal par collage pour les petits formats, cloutage pour les plus grands.
En outre, toutes donnent à voir des paysages. Toutes sont composées. […]

On voudrait dire alors la grandeur de ces sculptures, leur beauté singulière, à quoi
elles tiennent. C'est le monde qui avance vars nous, donc, de face, nous regarde et
nous parle de nous, de notre nature composite et impure. Un pas de côté pour aller
jauger la profondeur du temps qui nous meut, des vitesses qui nous propulsent ou
nous retiennent – la mort profilée. Et accéder à la décomposition la plus archaïque
etla plus simple qui soit : deux plans décalés, latéralement contre un mur.
Et la sulpture est là, qui bouge.

                                                                                                                 / Marylis de Kerangal

Bernard Morel
Exposition du 24 avril au 17 mai 2013 / « Décompositions »