"Matière première" Jacques Rouby

Né à Gourdon (Lot) en 1953. Vit et travaille à Souillac. S’adonne d’abord au dessin […] et se
retrouve à Collioure où sa vraie vocation de peintre s’éveille. Fasciné par les jeux de l’eau et
de
sa matière changeante, il ira jusqu’à immerger les grands cartons peints qu’il réalisa alors
et
prend conscience de l’éphémère des choses. Revenu à Souillac en 1996, il se livre à toutes
sortes d’expériences à partir des éléments de son travail, pouvant aller jusqu’à la destruction
de celui-ci. Il me parla dans une lettre de « l’entassement titanesque » de sa production. […]
Mais un an plus tard tout faillit bien disparaître car le local où il l’entreposait lui fut retiré
et
ce n’est que grâce à la mobilisation de ses amis - dont Jean-Pierre Pouzol, poète et éditeur
du
Noeud des miroirs - qui publièrent un manifeste qu’elle put être sauvée. Une partie en trouva
asile à Ginals, chez Jean-Pierre Vidaillac et devint « Musée Jacques Rouby », une autre (les
grands cartons) chez son frère Michel à Cahors, d’autres encore chez des amis proches; et c’est
ainsi que deux pièces de cette oeuvre écartelée entrèrent dans la collection de Beaulieu en
2006.

                                                                                       / Extrait de La collection de Beaulieu 1945-2007

 

« L’Ordalie »

Le travail de Jacques Rouby est hallucinant. Production « titanesque », comme il le dit
lui-même, mais surtout marquée par la vitale nécessité de destruction qui anime ce
créateur, comme si l'oeuvre elle-même avait vécu de cette passion d’en finir avec elle.
Proliférante, l'oeuvre obsède, captive intégralement la vie de cet homme que fascine la
métamorphose naturelle, les matériaux torturés par le temps : oxydation, scarification,
pigmentation corrosive des matières, l’index de la mort au coeur même du vivant.

Jusqu’en 2007, année où il perd son atelier pour cause d’inondation, il ne cesse de
produire, de détruire pour inlassablement recycler. Ses amis se souviennent de
l’extraordinaire atmosphère du lieu : masques entassés par centaines tels les crânes
exhumés d’une nécropole,moulages, dessins, cartons peints empilés…Il met à l’épreuve
supports et matières, les exposant aux intempéries, à la décomposition, sorte d’ordalie
qui au final marque les oeuvres d’une sorte de valeur sacrée. Sauvées, elles faillirent bel
et bien disparaître. On doit à Geneviève Bonnefoi la découverte et l’exposition organisée
à l’abbaye de Beaulieu en 2008 des grands cartons peints, à Michel Rouby de les avoir
préservé et à Jacques Rouby d’avoir au bout du compte supporté que vive et soit protégé
ce Titan, qui en même temps qu’il naissait épuisait et dévorait sa propre vie.

Je dois à Jacques l’émotion, la sorte d’état de grâce dans laquelle me mirent la découverte
de ses dessins - ses « siestes » comme il les appelle, exécutées à la façon des surréalistes
s’exerçant à l’écriture automatique, doigts déliés, secrétaires des images en provenance
directe de l’inconscient - puis des fameux cartons peints aux reliefs extraordinaires,
topographies de territoires disparus, cartographies de cités antiques.

L’exposition du mois de janvier, « Matière première », présente pour la première fois à
Paris les trois faces d’une oeuvre forte et inspirée : les dessins, les acryliques sur feuille
d’acétate et les cartons peints.
                                                                                                                          / Isabelle Floc’h.

Jacques Rouby
Exposition du 8 janvier au 15 février 2013 / « Matière première »

 

Exposition annoncée dans LCI Culture et Télérama.

LIEN :   http://www.wat.tv/video/semaine-art-16-5js7x_2exyh_.html

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