« Terres intérieures » Sandrine Paumelle

Sandrine Paumelle est née en 1967. Elle vit et exerce à Paris dans le quartier
artistique de Belleville (20e). Après une école d’art (CREAR), elle devient relieur
et c’est tout naturellement qu’elle commence à travailler la matière papier puis
à peindre.

Sandrine Paumelle
Les rêveries de l’intimité matérielle

Étrange rituel que celui auquel nous convie Sandrine Paumelle. Un rituel païen,
au plus profond de la terre et de son énergie recluse, qui trouve pourtant des
résonances dans le récit de la Genèse. Car Sandrine Paumelle opère une véritable
renaissance avec ses toiles ensevelies de pigments et recouvertes de cendre.
Elle déterre la vie d’un magma souterrain ; elle exhume et anime. Savez-vous
que humus, tout comme homme, signifie étymologiquement la terre ? De même
qu’Adam se traduit par le Glébeux et que les cendres renvoient au carême et à
ce verset : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » ?

Confondue à sa matière comme l’homme et l’humus à la terre, Sandrine Paumelle
puise sa force dans l’énergie de la roche broyée, dans la mémoire des poudres
terreuses, dans l’expression brute des forces souterraines. Elle entre dans « les
ressources infinies de l’épaisseur des choses », creusant des failles, dégageant
des formes qui s’ouvrent dans un mouvement vertical, de bas en haut. Une lueur
s’accroche à la rugosité d’un magma séché ; une forme germe, explose en poussière
concassée ; une silhouette se dégage, épinglée, des méandres d’un papier
poreux. À la fois fossilisées et prises dans un élan vital, ces apparitions couvent
sourdement et surgissent de couches enfouies, gravant dans le champ pictural
une trace immanente.

Pour éprouver ces traces, sentir ces lignes de force, Sandrine Paumelle fabrique
ses supports, tisse ses toiles, malaxe ses papiers, broie ses poudres. Comme on
laboure son champ avant de semer. Le travail de la main, du toucher, est essentiel
à sa démarche. Sans doute l’aide-t-il à sentir les vibrations de la matière, à
s’imprégner. Faut-il s’étonner alors que la matière de Sandrine Paumelle nous
attire vers les profondeurs de l’être, jusqu’au principe de ses germes, et éveille
les rêveries de l’intimité matérielle ?

 

                                                                                                                    / Virginie Gimaray

 

Sandrine Paumelle
Exposition du 21 septembre au 21 octobre 2011
« Terres intérieures »

  • « Terres intérieures »
    « Terres intérieures »
    technique mixte, pigments, acrylique, 50 x 50 cm, 2011